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LA PHILOSOPHIE DE L'ÉCOLE QUATRIEME MUR

Dernière mise à jour : 28 août

QUATRIEME MUR: une école pour acteurs qui est bien plus qu'une simple école
QUATRIEME MUR: ÉCOLE POUR ACTEUR

Monsieur Anderson, Le Cercle Des Poètes Disparus


Choisir une école pour acteurs n'est pas chose aisée. Il en existe plusieurs types, certaines spécialisées dans le théâtre, d'autres dans le cinéma, et encore certaines proposant les deux. De nos jours, il en existe même en ligne, proposant des cours en visio! Mais qu'en est-il vraiment? Quelle est la réalité de l'enseignement du jeu de l'acteur dans une école, et ses débouchés?


Chez QUATRIEME MUR, nous avons une certaine image de l'élève acteur: il doit s'assimiler à un athlète, et ainsi multiplier les heures de présences et les passages de scène, plusieurs fois par semaine, sur scène, devant le professeur et les autres élèves. Il devra aussi observer attentivement le travail de ses camarades. Non pas pour critiquer, mais comprendre. Pourquoi cette scène était-elle réussie, ou au contraire, faible? Quel(s) concept(s) de jeu permettrait de l'améliorer? Cette écoute active lui permettra de progresser plus vite encore que lorsqu'il passera une scène lui-même.


Il faudra donc qu'il puisse effectuer un maximum d'heures de cours hebdomadaires, avec un effectif par classe restreint, afin que le travail soit personnalisé, et qu'il puisse évoluer dans une atmosphère saine, propice à la progression et au lâcher prise.


Il lui faudra aussi comprendre très tôt que contrairement à un métier traditionnel, acteur est avant tout une passion, et plus encore, doit devenir une obsession. Il faut se mettre à penser comme un acteur. Développer son sens de l'observation et de l'introspection. Etre curieux, s'abreuver du monde qui nous entoure pour mieux le retranscrire sur scène ou à l'écran. C'est un état d'esprit. Il faudra donc que l'élève acteur oublie qu'il est un élève, et se considérer dores et déjà comme un professionnel. C'est primordial. Cela évitera le minimum syndical en classe. Le minimum syndical est l'ennemi de l'acteur. Ce genre d'état d'esprit sera tout aussi important que la technique qu'il apprendra au sein de l'école.



1) LES CRITÈRES POUR CHOISIR SON ÉCOLE POUR ACTEURS


Nous partons donc du principe que le choix d'une école d'acteurs doit se faire sur différents critères:


  • le nombre d'heures proposées par semaine dans le "jeu pur": ce seront donc les heures de cours de jeu (théâtre, cinéma, les deux), effectuées par semaine. Il ne s'agit pas ici de compter les heures de danse, escrime, clown, etc. Mais de se consacrer sur l'essentiel, déjà si difficile à appréhender: la justesse de jeu, purement et simplement. Il faut que l'objectif soit de sortir de cette école pour acteur en sachant réellement jouer la comédie, de n'avoir aucun doute quant à une scène donnée. Nous partons du principe qu'un minimum de 15 à 20 heures hebdomadaires doit être effectué, incluant au minimum 3 passages sur scènes.


  • le contenu pédagogique concernant le jeu pur: que faut-il jouer en premier? Des scènes dialoguées ou monologuées issues du répertoire théâtral classique? Moderne? Des scènes issues du répertoire cinématographique mondial? Ou au contraire des scènes originales, donc par définition jamais jouées par qui que ce soit de célèbre? Quelles scènes est-il plus intéressant de privilégier pour nos premières fois sur scènes?

    Intéressons nous tout d'abord aux scènes tirées d'oeuvres cinématographiques. Une scène de Pulp Fiction, de Titanic, du Diner de Cons, etc? Nous pensons que c'est un écueil à éviter. Car l'élève connaitra le plus souvent le film en question, et très souvent la scène qu'il sera amené à interpréter. Il va alors essayer de reproduire de l'extérieur ce qu'il a déjà vu. Jouer comme Di Caprio, Nathalie Portman, etc. Cela est à nos yeux une très mauvaise chose car l'élève ne cherchera pas à réellement comprendre la scène, et en faire sa propre interprétation, mais tout simplement reproduire ce qu'il a vu, le plus souvent de l'extérieur, ce qui veut dire de façon désincarnée, en essayant "de faire comme untel ou unetelle". Le résultat est souvent très maladroit, et contre-productif pédagogiquement parlant. Au QM, nous faisons au contraire le choix de scènes originales, écrites sur mesure pour travailler X et Y concepts de jeu propres au QM. Ainsi, l'élève pourra développer son imagination et sa vision créatrice sur un matériau neuf.

    En ce qui concerne le théâtre, pour nos élèves de 1ère et 2ème années, nous ne sommes pas non plus partisans de leur faire jouer immédiatement les classiques Molière, Marivaux et autres Shakespeare. Car ces auteurs sont le haut du panier. Il lui faudra en revanche les lire et étoffer sa culture théâtrale, mais attendre avant de les jouer. Ils sont difficiles à comprendre et la technique qu'ils demandent pour que leurs pièces soient vivantes, prenantes, est très difficile à obtenir. En effet, de par leur style d'écriture (les fameux alexandrins) et de par la complexité de leurs intrigues (meurtres, trahisons, adultères, infanticides, etc), un élève débutant aura du mal à comprendre le sens profond de ce qu'il est censé jouer, car son imagination ne sera pas encore assez développée d'une part, et son manque de technique ne lui permettra pas d'atteindre ce qu'il faut atteindre pour que ces pièces soient saisissantes. Hormis d'enrichir sa culture littéraire -ce qui est primordial-, en terme de compréhension du jeu de l'acteur, il ne va pas s'y retrouver réellement, de la même manière qu'un collégien de 5ème ne comprend que très rarement Du Côté de Chez Swan qu'on lui impose à lire. Cela l'ennuie plus qu'autre chose. Nous ne voulons pas ça, mais au contraire que ses premières expériences de jeu soient axées sur le plaisir pur et dur, et la compréhension des différents concepts de jeu que nous développons chez QM. Pour donner une autre comparaison, si vous commenciez la guitare, voudriez-vous tout de suite commencer par des partitions de Jimi Hendrix? Bien sûr que non! Mieux vaut commencer par découvrir et développer dans un premier temps le simple plaisir de jouer sur les planches. En privilégiant ainsi des pièces pour le plus souvent originales, dont l'intrigue est claire sans être simpliste, et la technique de jeu (projection, placement, rythme, intentions de jeu, véracité du jeu) mis en lumière. Une fois ainsi formé, et éduqué au jeu du théâtre, l'élève pourra dans un second temps se confronter à plus difficile, et venir sur le terrain de Shakespeare, Molière, Corneille, etc.

    En d'autres termes, la clé est de prendre son temps, de faire les choses dans l'ordre, et de développer le sens de la justesse de jeu, de la technique, de la bonne compréhension du texte et des enjeux d'une scène et d'un personnage avant d'aller côtoyer l'Everest. Ainsi préparé, l'élève grimpera l'Everest sans même s'apercevoir que c'est bien ce sommet réputé infranchissable qu'il vient de grimper sans difficulté.


  • le contenu pédagogique sur les autres aspects de la vie d'un(e) acteur.ice professionnel(le): outre le jeu et sa maitrise parfaite, un acteur professionnel sera amené à varier les casquettes: savoir écrire pour faire ses propres projets théâtraux et cinématographiques, savoir mettre en scène pour le théâtre ou réaliser pour le cinéma, connaitre les exigences des producteurs quant à l'élaboration des projets en fonction du type de projet (on attend autre chose d'un long métrage que d'une série courte), connaitre la réalité économique du secteur, savoir gérer lui-même la direction d'acteur pour se sortir du pétrin sur un plateau, etc. Les cours doivent donc être variés afin de pallier à toutes les éventualités de la réalité du métier, et ainsi assurer à l'acteur une carrière sur le long terme.


  • le nombre d'élèves par classe: si l'effectif par classe dépasse les 25 élèves, sur un faible volume horaire hebdomadaire, l'élève ne passera sur scène qu'une à deux fois par mois. Ce qui limite grandement sa marge de progression. Nous partons du principe que 16 à 18 élèves est un maximum.


  • l'état d'esprit dans l'école: par définition, la plupart des élèves qui débutent une première année ont très peu voire pas du tout de lâcher prise. Ils se regardent beaucoup, se jugent beaucoup, et ont peur du ridicule. Il faut donc privilégier une ambiance saine, tournée vers l'autre, et la progression sera rapide et aisée.


  • le ou les professeurs que l'on rencontrera: il faudra éviter les professeurs toxiques, auto-centrés, voulant briller au détriment de l'élève, mais s'orienter plutôt vers les professeurs passionnés par la pédagogie. Cela a l'air évident, mais ce n'est pas si simple à trouver. Si un élève se rend compte en cours de route qu'il a affaire à un professeur toxique, rien ne l'empêche de demander à la direction de l'école de lui faire changer de professeur. Après tout, il paie pour une formation, il est donc légitime qu'il ait son mot à dire.


  • les masterclass de professionnels: il est fréquent que des intervenants professionnels extérieurs - directeurs de casting, réalisateurs, acteurs - viennent dispenser des masterclass dans les écoles d'acteurs. L'élève ne devra cependant pas espérer dans ces masterclass être "découvert" par ces derniers. Il ne lui faut pas oublier qu'il est en formation, et que le professionnel vient ce jour-là faire découvrir son métier par le biais de la théorie et de la pratique. Cela dit, cela peut arriver: le professionnel pourrait tout à fait avoir un coup de coeur pour certains élèves, mais ce serait une erreur que de penser que ce sera systématiquement le cas. Ces masterclass cependant permettent d'avoir une vision différente du métier, par le biais de ceux qui le font.


  • l'accompagnement dans le monde professionnel: trop souvent, au sortir d'une école pour acteurs, les élèves se retrouvent vite démunis. Sortis du cocon confortable que représentait l'école, ils ne savent pas comment s'y prendre pour réellement travailler. Les agences artistiques chez qui ils vont frapper leur laissent porte close, et aucun projet ne leur est proposé. Le danger ici est de rapidement déprimer, et laisser tomber. Or, avec un accompagnement solide proposé par l'école, et en terme de proposition de contrat que d'apprentissage de comment se créer soi même des opportunités, l'élève sait qu'il aura affaire à des années difficile, mais il saura les combler et amorcer des premiers projets prometteurs.



2) LA MÉTHODE DE JEU ENSEIGNÉE

En terme de méthode de jeu ("américaine ou française"), chez QUATRIEME MUR, nous estimons que c'est un faux débat, par ailleurs très cliché.

Bien jouer la comédie est somme toute très manichéen. Soit on joue bien et les spectateurs ne décrochent pas, soit ce n'est pas le cas, et il faut encore travailler. Peu importe la méthode employée.


Chez QUATRIEME MUR, nous avons une certaine méthode de travail, propre à QM. Par le biais d'exercices pratiques et de scènes monologuées ou dialoguées, nous apprenons à nos élèves toutes les bases, tous les concepts de jeu, et le professionnalisme qui va avec (comment se comporter en casting, sur un plateau, apprendre un texte rapidement, etc). Mais nous orientons rapidement les élèves à trouver leur propre méthode de travail. Pour créer une backstory, un personnage, chacun a sa propre méthode (certains utilisent la voix du personnage, d'autres le corps, d'autres encore la psychologie, etc). Il faut donc que l'élève soit lui même moteur pour trouver sa propre voie. Le tout est de trouver la bonne. Russell Crowe le disait lui-même: "si j'utilise 'la Méthode' (celle de l'Actor's studio)? Non, j'utilise 'la méthode Russell Crowe'."


Une bonne école pour acteur saura vous former à savoir jouer avec la même vérité sur la scène de l'Odéon que devant la caméra d'un directeur de casting.




3) CONCLUSION


Du choix d'une bonne école pour acteurs peut dépendre votre avenir. Peu importe que vous soyez acteur ou non dans 20 ans. Ce qui compte seront les valeurs professionnelles et humaines que celle-ci vous aura inculqué. 

Et gardez bien à l'esprit que vous continuerez de vous former tout au long de votre vie, d'affiner votre technique et développer votre connaissance de vous-même et des autres afin d'alimenter vos personnages futurs.

Acteur est plus qu'un métier, c'est une vocation à part entière.


C'est pourquoi, quelle que soit l'école que vous choisirez, n'y allez surtout pas avec l'esprit d'un écolier, ravi que la cloche de fin de journée sonne. Ne cherchez pas à être des bons élèves, cherchant la bonne note ou l'approbation du professeur. Soyez en lutte contre vous et vous seulement. Essayez d'être meilleur que la veille, point à la ligne. Car si vous ne pensez pas de cette manière, vous aurez trop peur d'échouer. N'ayez pas peur de rater des scènes, de vous confronter à la difficulté. C'est dans les échecs que l'on apprend. Un acteur aime se casser la figure, car cela lui permet de ne le plus le faire la fois suivante.



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